
Lauriane est relectrice-correctrice depuis presque 2 ans. Découvrez qui elle est, son métier et son quotidien dans l’interview ci-dessous.
Où retrouver Lauriane ?
Peux-tu décrire ta personnalité en quelques mots ?
Pour moi, il y a 2 aspects : le professionnel et le personnel.
Du point de vue professionnel, je peux me qualifier comme quelqu’un de rigoureux. C’est un petit peu obligatoire dans ma profession. Je suis perfectionniste, peut-être trop par moments, mais c’est aussi parce que la correction demande de la rigueur et de la perfection. J’ai le goût du travail bien fait, j’aime que mes clients soient satisfaits.
Du point de vue personnel, je suis hypersensible. Je me considère également comme quelqu’un de serviable, j’aime aider les autres et apporter du soutien. Globalement, je suis plutôt calme, mais j’aime beaucoup rire aussi. Je suis épicurienne, j’adore manger et boire (avec modération) de bonnes choses, m’amuser, etc.
Quel est ton métier ?
Je suis relectrice-correctrice.
Pour décrire ce métier, on pense généralement en premier aux fautes d’orthographe, de grammaire et de conjugaison. Mai cela va au-delà.
Je fais de la réécriture si besoin ou si on me le demande.
Je réalise aussi toute la vérification d’informations. Par exemple, si je corrige un article dans lequel on parle du Salon de l’automobile de tel endroit, je vais vérifier que les dates correspondent bien avec ce qui est écrit.
Je vérifie aussi la mise en page, qu’il s’agisse de plaquettes, de sites internets ou de romans. La cohérence du style est aussi un élément sur lequel je travaille. C’est-à-dire, pour un article de blog s’adressant à quelqu’un, je m’assure qu’on ne passe pas du tutoiement au vouvoiement ou l’inverse. De même, je contrôle qu’on ne passe pas d’un langage parlé à un langage soutenu.
Et à qui est-il destiné ?
Mon métier est destiné à tous ceux qui produisent des écrits, aussi bien des particuliers que des professionnels. Souvent, quand évoque le métier de correctrice, on pense tout de suite aux romans ou à la presse. Il y a plein d’autres écrits !
Pour ma part, je corrige beaucoup de contenu Web : articles de blog, publications sur les réseaux sociaux, sites Internet, presse en ligne… Et je corrige réguliérement des mémoires universitaires : les étudiants veulent être sûrs de l’orthographe de leur document. Il y a aussi les CV et les lettres de motivation. C’est rare, mais c’est arrivé qu’on me le demande.
Enfin, il y a aussi des documents un peu moins fun : les contrats, les conditions générales de vente, les mentions légales… C’est un langage très spécifique. Parfois, on pense qu’il y a une faute, alors que, ces sontdes termes juridiques corrects.
C’est donc un métier très vaste car il s’adresse vraiment à tous ceux qui produisent des écrits : romans, BD, blogs, affiches, mails…. En fait, dès qu’il y a des mots.
Quels sont les challenges auxquels tu es confronté ?
Le premier, c’est la réactivité.
Je travaille avec plusieurs clients qui ont des sites de presse en ligne, il faut être très réactif, car c’est quotidien. J’interviens en avant-dernier dans le travail, juste avant la parution ou l’éditeur. Et souvent, le délai est très juste. Il faut donc savoir s’adapter et réorganiser l’agenda pour gérer les priorités.
Un autre challenge : c’est un métier qui demande de la concentration et surtout de ne pas se presser. Si on travaille dans la précipitation, ce n’est pas bon, on risque de ne pas détecter tout ce qu’il y a à détecter, ce sera moins efficace.
Le troisième challenge est de ne pas être trop intrusif dans le texte. Mon travail doit être transparent, même quand je fais de la réécriture. Le style de l’auteur doit rester le même.
Quelles sont tes valeurs ?

Honnêteté
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Je déteste qu’on me mente. Donc, je fais pareil : je ne mens pas. Si je suis en retard, je préviens. Si je ne suis pas d’accord, je le dis. Je préfère être honnête et transparente pour une meilleure relation avec mes clients et mes fournisseurs.

Patience
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Je trouve qu’aujourd’hui, on vit dans une société où tout va vite, il faut toujours tout faire vite. Je pense aux réseaux sociaux où les gens veulent absolument publier tout de suite, instantanément ce qu’ils ont écrit. Il faut savoir prendre le temps de se relire, de revenir sur son contenu et attendre. L’attente permet d’obtenir un meilleur résultat.

Confiance
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Celle qu’on établit avec ses fournisseurs ou ses clients. Mon client doit opuvoir me demander un travail avec un délai et des objectifs précis sans qu’il ait besoin de me relancer et/ou de tout vérifier. Je suis là pour lui faire gagner du temps.

Humour
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Pour moi, il’ ’est important de savoir rire de tout. On ne peut pas le faire avec tout le monde mais pouvoir prendre les choses avec un peu de légèreté, c’est nécessaire.
Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat ?
Je n’ai pas vraiment de vision, car je ne me destinais pas à être entrepreneuse. Cela n’a jamais été un souhait pour moi, j’étais bien dans ma situation de salariée. Puis ma vie a évolué et je me suis dit que “l’entrepreneuriat, ça peut être bien”, pour différentes raisons.
Ce qui est chouette, c’est la liberté. Je suis libre de travailler comme je veux, d’organiser mon emploi du temps, d’utiliser mes méthodes.
C’est aussi très pratique : j’ai des enfants donc cela permet de s’adapter.
Pratique aussi quand on a un coup de moins bien, car on peut être un peu plus cool, un jour, et faire mieux le lendemain.
Et aussi, j’apprécie la souplesse de pouvoir travailler partout. Tant que j’ai un ordinateur avec une connexion Internet, tout va bien.
Les côtés négatifs sont les revenus irréguliers parce que certains mois, j’ai beaucoup de missions et d’autres, beaucoup moins. Je pense aussi qu’on fournit beaucoup plus de travail par rapport à nos revenus. On ne se rend pas compte que notre le taux horaire englobe tout : les échanges avec les clients, la gestion, etc. Mais c’est comme pour tout, il y a des côtés positifs et négatifs.
Comment t’organises-tu au quotidien ? As-tu une routine de travail ?
Quand je suis chez moi, je commence ma journée avec toutes les tâches quotidiennes (lessive, lave-vaisselle…). Ainsi, ma journée débute en étant déchargée de cela et je suis zen, mon cerveau est tranquille pour bosser. Ensuite, je prends mon café, je monte dans mon bureau et je m’installe.
C’est parti.
Je réalise d’abord un petit bilan de la veille qui me prend 5 minutes et ensuite, j’attaque la journée.
Dans mes routines, je chronomètre tout ce que je fais. J’utilise Toggl Track (ndlr: on en parle dans le guide des outils pour gagner en productivité !). Premièrement, cela me permet de me rendre compte du temps que je passe sur chaque tâche et d’affiner mes devis. En plus, de savoir qu’il y a le chronomètre, je ne m’éparpilles pas. Enfin, à la fin de la semaine, j’ai le rapport de tout ce que j’ai fait avec le temps correspondant.
Je fais aussi une petite pause toutes les heures, car mon métier demande beaucoup de concentration. Quand je sens que je peine, je m’arrête pour m’aérer l’esprit et après, j’y retourne. Cela ne sert à rien que je poursuive la correction alors que je ne suis plus efficace.
J’ai un planning que j’essaie de respecter sur Google Agenda : pour chaque texte que je dois corriger, j’estime un temps avec une petite marge et je le découpe en heures que je cale dans mon agenda. Ainsi, je suis sûre de ne rien rater, et cela me permet de savoir ce que j’ai à faire, même les tâches que j’aime moins !
De temps en temps, je vais coworker. J’essaie de le faire 2 fois par mois.
As-tu des conseils à ceux qui souhaiteraient se lancer en entrepreneuriat dans le même métier que toi ?
L’importance de se renseigner et de se former
Le premier est de ne pas se lancer sans se renseigner sur le métier et sur le salaire.
Notre taux horaire n’est pas très élevé. On facture aux 1 000 caractères espaces comprises et on sait qu’en moyenne, on traite 12 000 caractères espaces comprises par heure. Il y a tout un historique à ce sujet : avant, les correcteurs étaient salariés des éditeurs, puis, et au fur à mesure, les correcteurs sont passés en microentreprises sans réelle réévaluation du taux horaire. Cela persiste et quand on regarde sur les réseaux sociaux ou les plateformes, on peut voir des tarifs très, très bas.
Il faut donc bien se renseigner avant, car beaucoup tombent de haut en découvrant les taux horaires.
Un autre conseil, c’est de suivre une vraie formation de correcteur. Beaucoup se disent “je suis bon en orthographe, c’est parti, je me lance”. Avant de faire ma formation, je le pensais aussi et grâce à elle, j’ai vu qu’il y avait des choses que je n’avais pas anticipées et que j’ai apprises. On révise toutes les règles de grammaire un peu compliquées, on découvre les règles typographiques qu’on ne connaît pas et toute la composante de vérification (informations, mise en page, notes de bas de page…).
Deux conseils concrets pour tous les futurs relecteurs-correcteurs
Attention aussi aux outils, ils ne détectent pas tout. Par exemple, j’utilise Antidote : il ne détecte pas toujours un sujet inversé et peut indiquer une erreur d’accord sur le participe passé. En tant que correctrice, je vérifie aussi toute la ponctuation et la typographie (espace sécable, insécable…) : les logiciels ne les voient pas forcément.
Le dernier conseil, spécifique à la correction, est d’accepter de corriger autre chose que des romans. Beaucoup de personnes s’imaginent que d’être correcteur, c’est trop cool, car on va lire des romans toute la journée. Déjà, dans le domaine de l’édition, c’est assez bouché, parce qu’il y a peu d’offres de missions et les maisons d’édition ont déjà leur vivier de freelances. Il faut être ouvert à d’autres types de texte, car la plupart des correcteurs ne vivent pas de la correction de romans, ça ne représente qu’une petite partie de leur activité.
Un conseil pour tous les futurs entrepreneurs
Je dirais qu’il ne faut pas quitter son travail avant d’être sûr qu’on peut en vivre. Ce conseil est pour tous ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. Trop de personnes se lancent et se retrouvent sans rien. Donc c’est très important, quitte à négocier un temps partiel au départ afin d’avoir une sécurité financière.
Pour finir, quelle est ta citation préférée ?
La consultation du dictionnaire reste une promenade délicieuse.
Bernard Pivot
Mon métier est génial : je découvre plein de nouveaux domaines, j’apprends des nouveaux mots tous les jours… C’est très enrichissant !